« Tambogdin » : ces fosses qui fâchent (2)

Article : « Tambogdin » : ces fosses qui fâchent (2)
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16 février 2014

« Tambogdin » : ces fosses qui fâchent (2)

Bien que générateur de revenus pour les personnes qui y travaillent, le « tamboko » présente inéluctablement des dangers. Ses victimes ne s’identifient pas seulement que parmi ceux qui s’adonnent à cette activité. Leurs enfants et la société toute entière en souffre.

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Ph. Ismaël COMPAORE

Une activité aux conséquences désastreuses

A court terme, beaucoup de travailleurs de ces fosses se blessent grièvement ou même peuvent perdre accidentellement la vie dans ces endroits affreux. Il s’agit pour la plupart d’éboulement ou chute de rocher depuis le haut du trou  etc. Les autres victimes s’identifient chez « les bouts de bois de Dieu », les enfants. Voyant l’eau se stocker à l’image d’un barrage dans les fosses secondaires en saison pluvieuse surtout, ils n’hésitent pas à se lancer pour une partie de baignade. Ignorant les dangers, certains d’entre eux se noient dans ces eaux insalubres.

Aussi véritable dépotoir d’objets insalubres de tout genre, toilettes publiques pour pas mal de gens, le tout couronné par des brûlures d’ordures, de pneus pour en extraire le fer, ces fosses représentent un « enfer » pour les riverains. Des « spécialistes » en récupération y passent aussi leur journée à la quête du pain quotidien. Le fer, les objets plastiques, bref tout ce qui peut être vendu sur la place du marché est aussitôt récolté et savamment rangé. Aux sorties des petits ateliers de récupérations, de commercialisations ou d’exportations du fruit de leur labeur jonchent ces fosses et n’attendent que d’acheter les trésors que les autres ont trouvé. Bravant les morceaux de bouteilles, de fer, les épines, les excrétas d’hommes et d’animaux, les corps décomposés d’animaux de toute natures, bref l’insalubrité et le danger dans leur demeure, les risques de maladies sont aussi permanents. Le choléra, le tétanos, les maladies cardio-vasculaires et j’en passe. Au-delà de ces deux cas, il n’est pas aussi rare de voir des passants grièvement se blesser ou même périr dans ces fosses par méconnaissance des quartiers qui les abritent.

C’est sans doute ces faits macabres qui expliquent la présence des tombes aux abords de certaines gigantesques fosses.

La souffrance des riverains, les pauvres riverains qui ont eu la malchance d’avoir leur habitation aux abords de ces fosses en dit long. Tout le monde est exposé à commencer par les enfants qui sont très fragiles et voyant en ces endroits un espace de jeu. En plus des odeurs nauséabondes qui s’y dégagent quotidiennement, il suffit d’un petit vent pour voir se soulever les sachets plastiques, à l’image des charognards se déplaçant en groupe dans le ciel, et se déverser dans les domiciles proches ou lointains. La fumée est quasi-permanente dans ces lieux sauf en saison des pluies et chacun prie pour que le vent ne s’oriente pas dans la direction de sa maison au risque de se voir respirer toute cette vapeur issue d’un multiple mélange d’objets divers offrant un gaz d’une extrême rareté avec des odeurs et couleur à en couper le souffle. Un riverain nous confiait que : « pendant l’harmattan, je déménage avec ma famille parque je souffre de crise d’asthme tout comme ma fille». Combien peuvent se permettre ce luxe ? Quelques un certainement.

Jusqu’à l’intérieur des chambres de malades, de la maternité du CSPS du secteur 51 parce qu’ à proximité d’une de ces fosses,  la fumée surtout pendant l’harmattan y pénètre.  Bonjour alors d’autres maux pour ces patients venus trouver des soins, pour ces femmes venues accoucher et surtout pour les nouveaux nés. La Brigade Nationale des Sapeurs-Pompiers (BNSP) lors d’une de leur intervention visant à éteindre l’une de ces poches de feu, allumée par « on ne sait qui », nous confiait que « ce feu est vieux de plus de dix (10) jours… ». Ils répondent de temps en temps aux détresses des populations. Mais à leur volonté se heurte le manque d’une grande étendue d’eau à proximité, l’impraticabilité des lieux…

En plus de ces problèmes de santé se greffe ceux sécuritaires. Ces fosses sont de véritables nids de malfrats, de bandits, de vendeurs et consommateurs de toutes sortes de stupéfiants, de drogues de toute nature. Des voleurs qui après avoir commis leur forfait se trouvent protéger et en sécurité dans ces fosses parce que personne n’ose les suivre dans cette aventure nocturne dans ces lieux. Malgré  les patrouilles quasi-quotidiennes et interventions de la BAC (Brigade Anti Criminalité), ces fosses demeurent de véritables poches d’insécurités permanentes.

Enfin,  ces fosses n’ont pas uniquement pour inconvénient sur la santé et la vie des hommes. Elles agissent aussi négativement et dramatiquement sur le sol et sur l’environnement. Ces immenses trous qui occupent plusieurs dizaine  de m2  sont sans doute la perte de terrains qui pourraient servir à d’autres fins.

 

A suivre !

 

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