Marche-meeting du 18 janvier au Burkina : un défi à la force ?
Ce 18 janvier 2014, à l’appel d’un mot d’ordre du CFOP (Chef de file de l’opposition politique) relayé et suivi par plusieurs mouvements et associations de la société civile, dans 8 régions du Burkina Faso et au même moment la manifestation a commencé. Toutes les couches de la société étaient représentées dans la rue pour une marche-meeting de protestation contre le pouvoir.
La marche-meeting de Ouagadougou
A Ouagadougou, sous une pluie fine, la place de la Nation a drainé et refusé du monde. La marche débute autour de 10 h 15 (temps universel). Une marée humaine estimée à plusieurs centaines de milliers de personnes, beaucoup plus importante que lors des précédentes marches du 29 juin et 28 juillet 2013. La surprise de la journée fut la participation à cette manifestation des désormais ex-militants du CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès) à savoir : Rock Marc Christian Kaboré (ancien président de l’Assemblée nationale), Simon Compaoré (ancien maire de Ouagadougou), Victor Tiendrebeogo (ancien député CDP) qui cherchent maintenant une place dans l’opposition. Au retour, place au meeting pour les allocutions des différents responsables des partis d’opposition membre du CFOP, de la société civile, le tout accompagné par des prestations d’artistes. Le Chef de file de l’opposition Zepherin Diabré, Sara Seremé, Smockey du Balai Citoyen et bien d’autres ont pris tour à tour la parole sur l’estrade, recevant les ovations et acclamations de cette immense foule d’un samedi particulier.
Cet évènement s’inscrit dans la ligne des vents de protestation qui soufflent au Burkina Faso depuis la mise en place du CCRP (Conseil consultatif sur les réformes politiques) d’où a émané l’idée de l’instauration d’un Sénat qui fut inscrit par la suite dans la loi fondamentale.
Le ras-le-bol clairement exprimé
Les mots d’ordre étaient clairement affichés. Il s’agit principalement de la suppression du Sénat, de la non-modification de l’article 37 de la Constitution qui interdit au président du Faso de se représenter pour un autre mandat en 2015 et de la dénonciation de la politique du gouvernement. Plusieurs autres revendications dont la vie chère, la lutte contre la corruption, le chômage des jeunes, la justice, les « airs hautains » de François Compaoré, frère cadet du président de la République. Blaise Compaoré lui aussi a été ciblé. Les slogans fusaient de partout et les pancartes, nombreuses et variées, parlaient d’elles-mêmes.
Arrêt sur quelques messages de manifestants
« Blaise Compaoré avez-vous consulté le peuple en 1987 ? », « Blaise dégage », « gouvernement sauve-souris nous ne t’aimons pas », « non aux tentatives démocraticides », « ne touche pas à ma Constitution », « un WC public vaut mieux que le Sénat », « où est passé l’or du Burkina ? ». « Blaise dit seulement une seule phrase : je ne serai pas candidat en 2015. Et le Burkina est sauvé », « FEDAP / BC : Fédération pour pilleurs de biens communs », « 1987-2014 : 27 ans de mensonges. Bilan : médiations », «l’ harmattan noir : Blaise quitte le pouvoir », « l’exemple sénégalais se produira au Burkina en 2015, « à bas les lézards de mauvais augure », « non au pouvoir à vie des franc-maçons » etc.
Le gouvernement à travers son Service d’information (SIG) a aussitôt réagi ce dimanche 19 janvier 2014 en se félicitant que les manifestants se soient exprimé dans « le respect de l’ordre dans les différentes villes où ils ont prononcé des discours et évoqué leurs préoccupations ». Le gouvernement se dit par ailleurs prêt « au dialogue dans le cadre républicain, la tolérance et le respect des différences politiques ». En tout cas, une alerte forte a été lancée de ce que sera la suite des évènements dans les mois à venir.
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