Maniement et connaissance des techniques de tripatouillage constitutionnel : Blaise Compaoré passé maître !!!

Article : Maniement et connaissance des techniques de tripatouillage constitutionnel : Blaise Compaoré passé maître !!!
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22 juillet 2014

Maniement et connaissance des techniques de tripatouillage constitutionnel : Blaise Compaoré passé maître !!!

Ta joie est l’élément inverse de l’émotion de tes ennemis. On n’est ni premier ni dernier, juste ce que l’on est. Mais, souviens-toi que la vérité ne se trouve pas dans les mots eux-mêmes, mais, dans les sens, les pensées… elle peut et réside aussi dans le silence qui sépare les mots et le comportement. Le silence, des fois, parle d’amour, de vérité, de haine, de dégoût, d’hypocrisie, de trahison… Bref, de ce qui a trait à l’émotion, au sentiment, etc. C’est ce que je retiens de substantiel d’un court recours aux sources, d’une immersion dans les pensées profondes d’Afrique.

Blaise-Compaore
La réflexion continue dans le camp de Blaise Compaoré

Les intentions d’un silence dévoilé

S’il y a un silence qui a parlé, qui fait couler beaucoup d’encre et de salive, mais qui a déjà « vidé son ventre », c’est celui accablant du président Compaoré sur sa re-représentation ou non aux élections de 2015. Passé maître dans le mutisme, qualifié par bon nombre de ses proches comme « un président qui sait écouter son peuple», cette entreprise s’est avérée depuis 27 ans, porteuse du secret, du germe qui explique ce qu’on qualifie aujourd’hui de « patrimonialisation du pouvoir » pour emprunter ce terme à son ex-bras droit Salif Diallo, aujourd’hui dans l’opposition, au MPP (Mouvement du peuple pour le progrès), maintenant convaincu d’être un faiseur de président.

Fort heureusement, les actes qui ont suivi ce silence avaient aussi parlé et  interpellé eux aussi ont livré ce qui n’est plus qu’un secret de polichinelle : « Le Blaiso veut encore et encore demeurer le maître de Kosyam pour les dix prochaines années». En tout cas, sa base arrière, les cadres de son parti, le CDP (Congrès la démocratie et le progrès) ainsi que l’ensemble du collectif de ses « griots » en font déjà un acquis. Et pourtant, l’article 37 de la Constitution le lui interdit formellement.

Le pion du référendum

Ce fut lors de sa conférence de presse à Dori, lors des festivités marquant les 53 ans de l’accession du Burkina à l’indépendance que le pion du référendum fut lancé. Le président veut utiliser son droit que lui confère l’article 49 de la Constitution tout en occultant le devoir que lui impose l’article 37. Le débat prend de l’ampleur, les médias internationaux s’en accaparent. Sur le plan national, l’opposition se fortifie et croit de plus en plus à ses forces, la société civile est dans son élément et exige plus que jamais le départ du président à la fin de son mandat. Des intellectuels, juristes, certains ayant facilité et contribué aux révisions constitutionnelles précédentes multiplient les déclarations et rejettent en bloc cette idée du référendum aussi bien dans sa forme que dans le fond. « Les spécialistes réputés justificateurs d’idées présidentielles » sont obligés de suivre le rythme imposé par le cours des évènements, chacun tirant de plus en plus la couverture sur soi au vu des circonstances.

La gangrène MPP

Au CDP, personne ne semble sûr de l’issue du duel dans lequel s’engage le parti, même la branche, pensante, intellectuelle conduite par Achille Tapsoba relativise « la politique, c’est le champ du possible ». La démission de ceux qui ont bâti pendant plus de deux décennies l’empire Compaoré à savoir, Rock Mark Kabore, Simon Compaoré, Salif  Diallo et compagnie hante toujours les esprits, leur nouveau-né, le MPP, continue de drainer personnes physiques et partis politiques. La déclaration hasardeuse : « Refuser de réviser l’article 37 de la Constitution est anticonstitutionnel », de leur homme providentiel, Rock Marc, il y a quelques années, semble être oubliée, même s’il affirme avoir fait son « mea-culpa ». Le CFOP (Chef de file de l’opposition politique) procède au tri pour déterminer l’ « opposition réelle » tout en écartant les « mouvanciers », et autres opportunistes du même acabit qui à force de poursuivre leurs intérêts personnels ont oublié la première phrase de leur statut fondateur « … est un parti politique de l’opposition … qui vise la conquête du pouvoir d’Etat ». Sans  être inquiété par cette instance de regroupement des partis d’opposition, même si Zéphirin Diabre appelle à leur « franchise », le MPP poursuit sa campagne présidentielle avant l’heure. Pendant ce temps, d’autres tentatives restent à être dévoilées.

Un médiateur au pays du médiateur

Jean Baptiste Ouadraogo (JBO), ancien président du Faso animé par un « sursaut patriotique », a, à son tour, entamé une cure de délivrance de son pays face aux risques « déstabilisateurs », de « menace de la  paix sociale ». Il s’auto-investi avec quelques anciens camarades du collège des sages dont Mgr Paul Ouédraogo pour une médiation, une conciliation des positions antagonistes de l’opposition et de la majorité présidentielle pour une sortie de crise. Mais après quelques mois de tractation, de pause, pour une question de mandat de la majorité présidentielle exigé par l’opposition avant toute poursuite des négociations,  que JBO n’a pu obtenir, l’autre camp campant également sur sa position de refus, JBO sans être « découragé » a tout simplement annoncé le 10 mars dernier l’« échec » de sa médiation. Hautement contesté par l’opinion et qualifié d’ « être à la solde du régime en place », ce médiateur d’un autre ton, auto-investi, n’a trouvé autre choix que de s’auto-désinvestir, quoi de plus logique et JBO pointe du doigt  le « manque de volonté politique de part et d’autre ». Au regard de  l’entente plus ou moins constatée dans l’opposition, une force pour la déstabiliser n’est pas mauvaise en soi, surtout si on s’appelle Blaise Compaoré.

La dernière trouvaille, le Front républicain

Les dernières mobilisations de l’opposition et de la société civile ont vraiment inquiété le navire CDP, en tout cas, les plus réalistes d’entre eux ont reconnu à ces marches, celle du 18 janvier notamment une réussite. La nouvelle stratégie, élargir sa base et jouer aussi à la politique du nombre, être prêt pour des mobilisations et trouver surtout un « Chef de file de la Majorité présidentielle » pour canaliser les efforts.

Comme il fallait s’y attendre, des leaders d’entreprises politiques, de partis politiques ont trouvé en cette ouverture une nouvelle occasion de se faire des sous. Après quelques meetings, silence radio. Les mallettes d’argent en provenance de Kossyam étaient-elles épuisées ? Herman Yameogo,  l’un des « caméléons politiques » les plus reconnus de sa génération et celle actuelle, l’homme aux idées, semble-t-il, qui parle rarement sans « motivation », sans que « sa bouche ne soit mouillée », sans motivation financière se fait de plus en plus discret, épargnant du coup le peuple des verbiages  soûlants d’écoles de droit classique dont lui seul a le secret. Ce front vient de rompre avec le silence en initiant une caravane dans le Sud-Ouest les 18 et 19 juillet dernier. Est-ce un test avant de tenter une grande aventure à Ouagadougou ? Le CFOP a également compris que ce n’est pas en s’enfermant dans les bureaux et en se justifiant dans la presse dont seuls quelques privilégiés ont accès, qu’ils pourront effrayer « le grand timonier » de Kossyam.

Et le CFOP redonne de la voix !

CFOP
Meeting de l’opposition du 31 mai 2014 (PH. Ismaël COMPAORE)

De mémoire des burkinabè, l’opposition politique burkinabè a rarement été active comme actuellement. Le 31 mai dernier, le top départ d’une série de meetings et d’activités populaires de tout ordre a été donné au stade du 4 août de Ouagadougou. Plein comme un œuf, les leaders de l’opposition et de la société civile à l’image du Mouvement  « le balai citoyen » se sont succédé pour passer leurs messages. La non-modification de l’article 37, le non au référendum étaient les mots-d’ordre principaux. C’est dans ce cadre que Zéphirin Diabre a officiellement annoncé la création et l’installation des collectifs anti référendum (CCR). Il s’agit de regroupements de tous genres, de tous âges …  devant avoir pour objectif majeur la lutte contre la tenue du référendum dans tous les petits hameaux et villages burkinabè. La même activité fut reconduite à Bobo-Dioulasso au stade omnisport Sangoule Lamizane le 14 juin dernier, mais avec moins de succès. Le  5 juillet dernier, ce fut au tour de la ville de Dori d’accueillir le CFOP pour un autre meeting avec les mêmes mots d’ordre. D’autres localités du Burkina accueilleront les équipes de l’opposition pour les mêmes messages et mises en garde. Le CDP, de son côté s’active également pour faire avaler sa pilule du « oui au référendum » qui a du mal à être gobé par bon nombre de burkinabè. Des activités grand public ont également été organisées par ce parti en riposte à celles de l’opposition. La peur semble avoir changé de camp et c’est le CDP qui contre-attaque.

L’offensive du CDP qui contre-attaque !

Depuis le meeting de l’opposition du 31 mai dernier, le CDP rebondit désormais à chaque fois que l’opposition organise une activité. Ce jour, pendant que l’opposition était au stade du 4 août, le CDP était également au palais des sports de Ouaga 2000 pour une activité de grande mobilisation. A Bobo le 14 juin, le CDP était aussi là avec une plus petite mobilisation, mais qui selon les membres de l’opposition, auraient attiré certains jeunes au vu des billets de banque et autres gadgets qui y étaient distribués. Elle a même joué sur la mobilisation au stade omnisport qui n’affichait pas plein. Il fallait maintenant pour le CDP de revenir à Ouagadougou pour remplir le stade du 4 août « recto verso » et ravir la vedette à l’opposition.

La sortie chaotique du CDP au stade du 4 août

ASSIMI KOANDA
Quelques personnes pour écouter  Assimi Koanda, premier responsable du CDP, prononcer le discours le plus important du meeting

Dans un stade du 4 août comble, le CDP a organisé un meeting-concert le 21 juin dernier. Le concert a bien réussi avec des prestations d’artistes venus d’ici et d’ailleurs. Mais au  meeting, le grand public a affiché absent. Tout le ronflement autour de ce meeting qui d’ailleurs avait pour objectif d’appeler le chef de l’État a convoqué un référendum n’était donc qu’un feu de paille. Le CDP n’a plus de militants sérieux, c’est connu, et tous ceux qui gravitent autour du parti, le font pour leurs panses et poches.  Les conditions d’organisation et de participation à ce meeting frôlaient également le ridicule. Des cars dans quasiment toutes les 45 provinces du pays étaient disponibles, pour convoyer des sois- disant militants, mais à Ouagadougou, c’était le comble. Des billets de 1 000 F à  5 000 F distribués aux populations et des stations d’essence envahies pour bénéficier du carburant gratuit, condition pour faire déplacer les gens au stade. Le fiasco du 21 était donc prévisible. Rien d’étonnant que Assimi Koanda ait livré son message dans un stade quasiment vide. Blaise Compaoré et « ses stratèges » doivent donc revoir leurs stratégies, échec et mat !

Vos ambitions machiavéliques, chers partisans du parti unique, de l’homme providentiel, du « blaisisme » ont été démasquées.

L’étape actuelle de la stratégie de Blaise Compaoré  est la dissuasion pour effrayer et ramener les hommes qui ne manifestent leur situation d’hommes que sous la chaleur des jupes féminines, pour paraphraser Norbert Zongo, à s’enfermer dans leurs coquilles en faisant allégeance ou en se qualifiant de « neutre »« Je ne suis ni pour ni contre le référendum, ni pour ni contre la modification de l’article 37, je ne veux être mêlé de près ou de loin à cette histoire, nous on veut seulement la paix ». C’est le discours du prototype de burkinabè que Blaise Compaoré façonne depuis des années à travers ses multiples campagnes pour la paix. L’aventure continue et ces derniers jours, on assistera à une multitude de manifestations pour la paix, encore la paix. C’est stratégique, c’est psychologique, il faut préparer les consciences pour qu’elles se résolvent à croire que Blaise Compaoré est vraiment l’homme qu’il faut pour le Burkina et que sans lui le pays n’aura pas la paix. C’est donc voulu, nos compatriotes dans cette situation ne l’ont pas ramassé par terre. C’est la tactique, empoisonner l’atmosphère avec un discours unique « la paix, la paix …) de telle sorte à rendre certains malades. Une paix de fait, mais sans qu’aucun acte pouvant la garantir ne suive. D’ailleurs, n’oublions surtout pas les premiers instants qui ont suivi l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, de la dissuasion, il est passé à l’oppression. C’est le même « plan de guerre » qui est en marche actuellement.

Il y avait beaucoup à dire sur l’homme, « ses disciples » et leurs actions lointaines et récentes visant à traiter la Constitution burkinabè comme un torchon, un papier hygiénique et la résistance citoyenne à laquelle il se heurte vient, si besoin en est, prouver que des voix légitimes et légales s’opposent d’une manière ou d’une autre à ce « projet funeste ». Mais, je ne saurais toutes les étaler ici. Ce qui est certain, c’est qu’actuellement Blaise Compaoré et ses stratèges multiplient les « conclaves » pour accoucher de nouvelles idées en faveur de la modification constitutionnelle, en faveur du référendum.

Ils se heurteront toujours aux gardiens de la République, aux inconditionnels de l’éclosion d’une réelle démocratie au Faso et pour une alternance en 2015.

Qui vivra verra !

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Commentaires

basidou
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No Comment mon frère! Je dis simplement chapeau.

Ismaël COMPAORE
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Merci le frère Basidou pour ce clin d’œil. Ravi de t'avoir accueilli!

Gasse
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voila qui est bien peint: la situation socio-politique du Burkina Faso.
Mon frère merci pour ta prise de position car c'est ce qu'il faut, comme le disait l'autre: " Être neutre en situation d'oppression,c'est choisir l'oppresseur " Je t'encourage à persévérer sur cette lancé ..

Ismaël COMPAORE
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"le pire ce n'est pas la méchanceté des gens mauvais, mais le silence des gens bien", nous enseignais Norbert Zongo. Nous n'allons donc pas nous taire face à ce forcing qui perdure depuis quelques mois au pays. Les uns (le pouvoir)pour leurs intérêts égoïstes veulent insulter l’intelligence de tout un peuple. Merci à toi Gasse d'être passé!